Lutter contre le syndrome de l’imposteur

1 avril 2019
Lutter contre le syndrome de l'imposteur

[su_note note_color= »#f4ead5″ radius= »0″]Avant-propos : n’étant pas psychologue, les conseils de cet article sont donc basés sur ma propre expérience ; et je suis tout à fait ouverte à la discussion dans les commentaires. [/su_note]

Même s’il porte plutôt bien son nom, je préfère préciser que j’appelle « syndrome de l’imposteur » ce sentiment d’illégitimité dans ce que l’on fait. Le plus souvent dans la vie professionnelle, on a l’impression qu’on est pas à notre place, pas assez bon pour le job. Ça arrive même quand on a postulé pour un poste / un contrat et qu’on l’a obtenu avec mérite. Mais une fois devant sa feuille blanche, on panique, on se dit qu’on a trompé notre employeur / notre client, et qu’on n’a pas les capacités pour réaliser ce qu’on nous demande. Que ce soit vrai ou pas, maintenant qu’on y est, on a deux solutions : faire le job, ou se torpiller !

Je préfère me concentrer sur la première proposition et comprendre d’où vient ce sentiment d’illégitimité, afin d’y remédier. En discutant avec mes amies, je me suis rendu compte qu’il y avait deux grands courants chez celles qui souffrent du « syndrome l’imposteur » : soit elles n’ont pas confiance en elles, soit elles sont autodidactes et ont peur du jugement de leurs pairs.

Image de Une : Karina Tess.

Le manque de confiance en soi.

Je suis parfois étonnée quand j’entends quelqu’un se dévaloriser alors qu’il est très talentueux. De l’extérieur, ça nous semble aberrant. Pourtant, ces personnes pensent réellement qu’elles ne sont pas à la hauteur, voire même incapables. Au final, elles vont bosser comme des dingues sans être jamais satisfaites, ou alors se saboter et ne rien faire du tout.

Je crois que l’éducation joue beaucoup. Mes parents m’ont toujours valorisée, soutenue et fait comprendre que je pouvais obtenir ce que je voulais en travaillant. Ils ont été exigeants mais toujours positifs et c’est vrai que j’ai toujours plutôt eu confiance en mes capacités. Bien sûr, je me mets rarement dans des situations qui ébrècheraient durablement cette confiance en moi. Je n’ai jamais été une grande scientifique, je n’ai donc pas tenté des études de médecine par exemple ! Car personne n’a une totale confiance en soi. Elle est relative à ce qu’on sait faire.

Sur ce sujet, je ne m’avancerais pas à vous conseiller, pour le coup, je ne suis pas légitime ! En revanche, je vous invite à écouter le passionnant podcast produit par Louie Media à ce sujet.

L’autodidacte, un imposteur ?

Encore une fois, je vais m’appuyer sur mon expérience. J’ai été éduquée avec un leitmotiv : il faut faire des études et les diplômes sont ce qu’il y a de plus important. Alors même que j’ai acquis une grande expérience en travaillant « sur le terrain », je considère encore ma formation comme primordiale. J’ai besoin qu’une compétence soit validée par une instance supérieure, officielle… Et j’ai toujours la croyance forte que les autodidactes ne sont pas aussi légitimes que les diplômés. Je porte même un jugement négatif sur eux. Je sais que ce n’est pas forcément vrai et fondé, mais j’ai du mal à me défaire de cette pensée.

Alors, comment en serait-il autrement me concernant ? Pour les compétences dans lesquels je suis autodidacte, je ressens forcément le syndrome de l’imposteur. J’ai suivi des cours de photo et des workshops, mais je n’ai pas de diplôme officiel de photographe, j’ai donc encore beaucoup de mal à me revendiquer comme telle. D’autant plus que ce n’est qu’une partie de mon activité. Je me sens donc illégitime vis à vis de certains photographes que j’admire.

Je crois qu’une grande partie du syndrome de l’imposteur vient de là. Nous avons grandi dans une société où la formation est beaucoup mieux valorisée que l’expérience.

Comment lutter contre ce sentiment d’illégitimité ?

Rassurez-vous, c’est possible ! Aujourd’hui, je ne ressens quasiment plus le syndrome de l’imposteur, et quand c’est le cas, j’arrive très rapidement à le dépasser. Voici mes « méthodes » :

1. Travailler et accepter d’être aidée

Si je comprends que j’ai accepté une mission qui est un peu au dessus de mes capacités, il suffit que je bosse intensément. Si j’ai accepté ce boulot, c’est que je m’en sentais capable, je ne suis pas une kamikaze. Alors il faut simplement travailler, faire des recherches, demander éventuellement conseil autour de soi. Il n’y a pas de honte à demander une relecture d’un document à un tiers, à un référent. Quand on travaille en freelance, c’est parfois très difficile de bien se rendre compte de la valeur de son travail. S’entourer de personnes de confiance est indispensable pour progresser.

Pour éviter de se retrouver coincée, c’est bête, mais il faut réussir à s’avancer suffisamment pour avoir le temps d’être relue. Quand on n’a pas confiance en soi, la procrastination est la pire des ennemies. Prévoyez de rendre votre travail un ou deux jours avant, pour avoir le temps de retravailler une dernière version si besoin.

Enfin, il faut savoir recevoir les compliments et les entendre. Si on vous dit que c’est bien, que c’est suffisant, c’est que vous avez accompli votre tâche, inutile de toujours vouloir mieux faire, vous risquez de ne jamais être satisfaite.

2. Revaloriser l’expérience

Si vous doutez de vous, faites la liste de tout ce que vous avez appris en travaillant sur vos projets passés, que ce soit des expertises purement professionnelles ou liées à vos loisirs, votre vie personnelle. Tous ces apprentissages vous enrichissent et ils peuvent très bien être appliqués dans d’autres domaines de compétence.

Réfléchissez, de quelle qualité insoupçonnée faites-vous preuve quand vous pratiquez votre sport favori ? Ou quand vous éduquez vos enfants ?

J’essaie également de me souvenir qu’au fur et à mesure des années de pratique, on acquiert un savoir inestimable, que l’on soit ou non autodidacte. Et les bases qui nous manquaient peut-être, peuvent être comblées, certainement plus lentement, mais l’essentiel est qu’elles le soient.

3. Se former

Sans parler de retourner sur les bancs de l’école, il existe aujourd’hui une très grande offre de formations. Que ce soit passer un diplôme par correspondance ou juste suivre des tutoriels sur YouTube, l’apprentissage enrichi, conforte et redonne confiance en soi. C’est à mon sens essentiel de vouloir progresser, apprendre de nouvelles choses, rester curieux.

Concernant le syndrome de l’imposteur, se former est parfois la seule solution pour anéantir les doutes qui subsistent et avoir suffisamment confiance en son savoir pour exercer plus sereinement.

4. S’affranchir du jugement des autres

Cela vaut peut-être surtout pour les passions. Si vous aimez dessiner, surfer, danser, courir… même si vous n’excellez pas, si vous prenez du plaisir, avez-vous besoin de reconnaissance ? N’est-ce pas le bonheur procuré par cette activité qui compte ? À partir du moment où vous ne spoliez personne, apprenez à vous faire plaisir, juste pour vous.

Si vous avez déjà vécu – ou que vous vivez encore aujourd’hui – le syndrome de l’imposteur, n’hésitez pas à témoigner dans les commentaires et à partager avec nous vos méthodes pour vous rassurer, avancer, dépasser cette gêne.

11 Comments

  1. Bonjour,
    Merci pour ton article, c’est très égoïste, mais je trouve cela rassurant de constater que je ne suis pas la seule à me débattre avec mes doutes. Je suis aussi Freelance, suite à une reconversion, avec une partie graphisme (légitimée par une formation officielle) et une partie photographie (en autodidacte). Autant te dire que ce syndrome je le connais bien ! Ce qui m’aide à avancer, c’est de constater que beaucoup de professionnels que j’admire sont eux aussi autodidactes, et qu’ils ont réussi par le travail. J’écoute aussi pas mal de podcasts d’entrepreneurs et je suis toujours étonnée, et enrichie, de découvrir les aléas du décor. Bref, forcément quand je doute je vais voir ce que font les autres, au début cela me démoralisait car je ne me sentais pas à la hauteur, aujourd’hui j’ai changé d’angle et j’essaie de tirer profit des expériences des autres pour me tirer vers le haut. Tout est possible à condition d’essayer !
    Bonne journée

  2. Que ce poste tombe bien!! Je viens de décrocher un poste, l’offre d’emploi est quasi la description de mes compétences et aptitudes, diplômes également et pourtant… je suis terrorisée. J’arrive à m’analyser, je manque de confiance car oui je suis une autodidacte et mes parents ne m’ont pas donné assez confiance en ma propre valeur ( père inintéressé et mère très exigeante, en gros c’était jamais assez bien…), dur de sortir de ce schéma et de croire en soi, où alors y a toujours un moment où cela s’effondre…
    Je vais appliquer tes conseils qui, je le pense, vont m’aider :)

    • Je te comprends bien… C’est très difficile de s’affranchir de tous ces « traumatismes » de l’enfance. Raccroche-toi à tes compétences et aptitudes comme tu le disais, tu corresponds tout à fait au poste ! Après, je crois aussi que c’est normal d’avoir peur quand on commence quelque chose de nouveau, petit à petit tu vas prendre tes marques… Bon courage !!!

  3. Merci pour tes conseils!!
    Et en effet, je pense que c’est le genre de peur normale pour cette situation. Je suis si sensible que je me méfie tout le temps de mes émotions mais celle-ci est assez normale, merci de me le rappeler

  4. Hello Noémi,

    Je viens de lire attentivement ton post…..et il m’a interpellé…..Figure-toi, j’ai créé un blog depuis septembre 2018 sur l’entrepreneuriat et la reconversion professionnelle axés sur les femmes.
    Je rencontre beaucoup de femmes entrepreneurs ou porteuses de projet et je suis étonnée de voir à quel point ces femmes talentueuses sont touchées par ce concept de « manque de confiance en soi ».
    J’ai récemment rencontré une coach/formatrice en développement personnel, je l’ai interviewée sur ces sujets et elle apporte un tout autre regard sur ces concepts
    Peut-être que son interview t’intéressera….
    https://www.ellesontoseentreprendre.com/blog-1/anne-françoise-la-fée-qui-va-éveiller-tes-possibles

    Encore merci pour cet article

    Bisous de Bruxelles!

  5. Hello! Je me retrouve dans ce que tu écris à propos du diplôme qui prime sur les expériences. J’ai également le même problème! Pourtant, après avoir eu un diplôme dans un secteur qui me plaisait, je me suis rendue compte qu’il ne m’avait rien appris, au contraire de toute l’expérience que j’avais accumulée avant de me lancer dans cette formation. 6 mois de perdus à la fac, heureusement qu’il y avait un stage derrière pour la partie expérience. Dommage que le diplôme prime autant en France, je sais pas si c’est la même chose a l’étranger mais ce serait intéressant de savoir :)

    • C’est vrai, tu as raison, au final, mes stages m’ont appris le concret du métier, contrairement à la Fac. Mais je me dis aussi, que ces cinq années n’ont pas servi à rien, on m’a poussé à élaborer des réflexions, ouvert l’esprit… c’est aussi un savoir qu’on ne valorise plus car on est dans la productivité et l’instantanéité. Paradoxal !

  6. Il est vrai que ce n’est pas toujours évident de se séparer de ce syndrome, qui est pourtant très présent ! Avec un peu de travail sur soi, on y arrive… mais le chemin est long ! Merci pour ces précieux conseils, que je vais essayer d’appliquer quand je traverserais à nouveau une phase de ce syndrome ^^

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