C’est peut-être un peu snob de ma part, mais même l’été, je me refuse à lire de la « chick lit » ! Je reste persuadée que l’on peut trouver des livres très faciles à lire, légers, mais pourtant un peu plus intelligents que la moyenne des romans de gare. Et si j’en crois les commentaires de ce vieil article sur les livres qui m’ont marquée, nous avons un peu les mêmes goûts, vous et moi. J’ai donc sélectionné quelques uns de mes classiques de l’été.
Pour la plupart, ces livres traduisent très bien une époque, c’est en général pour cela que je les adore ; alors que les sujets traités sont plus futiles, à base d’histoire d’amour, de fêtes et de frivolités… Cette double lecture les rend forcément très intéressants ! Ils sont parfaits pour l’été, en vacances, pour ne pas trop se prendre la tête (tout en ne la mettant pas complètement de côté).
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Emma – Jane Austen : Emma est belle, riche, et l’héroïne de son petit cercle de connaissances dans son petit village du Yorkshire, Highbury. Comme elle s’ennuie beaucoup, elle joue les entremetteuses, persuadée d’avoir un don pour ça. Et il faut avouer qu’elle a alors surtout le don d’agacer les lecteurs ! Mais elle aussi très attachante, et comme elle commence à se retrouver toute seule à force de marier les couples autour d’elle, on s’intéresse quand même à ce qu’elle va devenir.
Les romans de Jane Austen se ressemblent tous un peu. J’ai souvent du mal à me souvenir si je les ai lus. Mais ils sont charmants, toujours très moqueurs de l’époque très puritaine à laquelle ils ont été écrits. Ce sont pour moi, les meilleurs romans de vacances et j’en relis certains avec plaisirs.
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La dernière fugitive – Tracy Chevalier : Honor est anglaise et quaker. En 1850, elle part immigrer aux États-Unis, dans l’Ohio et découvre la nouvelle société américaine, déjà individualiste et hypocrite. Révoltée par l’esclavagisme, et par ses contemporains, Honor est une héroïne naïve et courageuse, la rendant à la fois drôle et inspirante.
Bien qu’étant un roman contemporain, La dernière fugitive nous immerge totalement chez les quakers américains, au temps de la conquête de l’Ouest et de la fuite des esclaves. Il y a beaucoup d’humour et de délicatesse dans ce roman que j’ai adoré lire l’été dernier. Je vous encourage d’ailleurs à lire d’autres livres de Tracy Chevalier, notamment La jeune fille à la perle.
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Jézabel – Irène Némirovsky : Gladys est accusée du meurtre de son jeune amant. Lors de son procès, on l’accuse avec beaucoup de fascination pour essayer de comprendre son geste ; en retraçant les bribes connues de sa vie.
Irène Némirovsky – dont je dévore tous les romans – a longtemps décrit la société bourgeoise du début du siècle. Ici, j’ai moins été passionnée car peu attachée au personnage de Gladys, riche et sublime criminelle qui refuse de vieillir. Mais l’écriture est élégante et le sujet, intriguant, fait aussi beaucoup réfléchir.
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Chéri – Colette : Léa de Lonval est une « vieille » courtisane. Elle va avoir cinquante ans et même si elle est toujours la maîtresse du jeune et beau « Chéri », elle se rend compte qu’elle vieillit et n’est plus aussi séduisante qu’avant. Un grand malheur quand on a vécut toute sa vie grâce à sa beauté…
Je ne vous en dis pas plus car on adore Léa de Lonval autant qu’on méprise ce vilain et lâche Chéri ! Le roman de Colette est réjouissant, très court, et nous décrit lui aussi merveilleusement bien l’époque des grandes courtisanes. Et, oui, c’est un peu le même thème que le Jézabel de Némirovsky mais en beaucoup moins triste.
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La dame aux camélias – Alexandre Dumas fils : Armand Duval raconte son histoire tragique à un ami… Il est tombé très amoureux d’une cocotte, reine de l’époque, Marguerite Gautier (atteinte de tuberculose) qui, elle-aussi très amoureuse consent à renoncer à sa vie de mondaine. Malheureusement le père d’Armand demande à Marguerite de rompre pour préserver la réputation de la famille. Par amour pour Armand, Marguerite – la dame aux camélias – rompt brusquement avec Armand.
Vous connaissez forcément l’histoire de La dame aux camélias, surtout si vous avez vu Moulin Rouge, une adaptation très libre du roman (ou une des très nombreuses adaptations en film, ballet, opéra…). C’est évidemment un grand, grand classique génialement tragique, qui raconte en fait l’histoire d’amour qu’Alexandre Dumas a vécu avec Marie Duplessis, demi-mondaine elle aussi (le mot joli pour appeler les prostituées de luxe de l’époque). Leur manière de vivre est très bien décrite, c’est passionnant de connaître cet aspect de la société du XIXème siècle.
Bel Ami – Guy de Maupassant : Tout réussi à George Duroy, grâce à son arrivisme, sa séduction, et son opportunisme. Il sait se placer, rendre les femmes amoureuses, il est beau et, parti de rien, devient vite la coqueluche du tout Paris.
L’ascension de Bel Ami est fascinante car du côté de Maupassant, le lecteur ne peut s’empêcher de trouver abject ce personnage charmeur mais arriviste. Écrit à la fin du XIXème siècle, le roman évoque aussi la politique coloniale, le capitalisme exarcebé… Finalement, on pourrait très bien le transposer à aujourd’hui, il n’a pas pris une ride !
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Arsène Lupin, gentleman cambrioleur – Maurice Leblanc : Comment Arsène Lupin, épris de Clarisse d’Étigues sous le pseudonyme de Raoul d’Andrésy, va-t-il se révéler le plus grand – et élégant – cambrioleur de tous les temps ?
Qui dit été dit forcément roman policier ! Y-a-t-il des romans policiers plus légers, drôles et passionnants que les Arsène Lupin ? Je ne me lasse pas de les relire encore et toujours, et les dévore en vacances, il y en a toujours un que je n’ai pas lu !
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La Princesse de Clèves – Madame de La Fayette : À la cour des Valois, la très vertueuse Mademoiselle de Chartre épouse – par raison – le gentil Prince de Clèves, fou amoureux d’elle (il faut dire qu’elle est très belle). Malheureusement, elle rencontre lors d’un bal le duc de Nemours et en tombe éperdument amoureuse. Elle va tout faire pour ne jamais céder à sa passion, ayant juré fidélité à son mari.
C’est peut-être le roman le plus difficile à lire de la sélection car il y a beaucoup de personnages mais c’est LE livre de la préciosité par excellence. Il n’est pour autant jamais « culcul » et nos petits coeurs d’adolescentes se réveillent forcément à la lecture de cette histoire d’amour impossible, si raffinée.
Ainsi soit Benoîte Groult – Catel : la biographie dessinée – et pas à la manière de Bécassine, seule référence bédéphile de Benoîte Groult – de cette auteure féministe.
Je ne connaissais pas l’oeuvre de Benoîte Groult avant de lire ce roman graphique de Catel mais j’aime énormément les BD de cette dernière. J’ai donc acheté Ainsi soit Benoîte Groult les yeux fermés. Cette fois, Catel raconte ses rencontres avec la journaliste et romancière avec beaucoup d’humour. Il faut dire que Benoîte Groult était un sacré personnage !
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Tamara Drewe – Posy Simmonds : Beth Hardiman possède avec son mari une jolie fermette dans un tranquille village anglais. Elle organise des retraites pour les écrivains afin qu’ils trouvent l’inspiration. Le calme règne jusqu’à l’arrivée de Tamara Drewe, une jeune femme libre, plutôt canon !
Ce n’est pas vraiment de la bande dessinée, c’est un vrai roman graphique. Posy Simmonds utilise un procédé vraiment unique mêlant dessins, bulle de BD, et textes. L’histoire est géniale, très drôle – légèrement sarcastique – et le graphisme délicat.
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Je n’ai plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture, et un bon été ! N’hésitez pas à partager avec moi vos lectures estivales dans les commentaires. Je me remets quant à moi aux Rougon-Macquart, mais je prévois de faire quelques pauses…
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