Bon. C’est une des listes les plus difficiles à faire que m’a demandée mon amie A. (oui comme si ma vie en dépendait) ! Et encore, j’ai triché, à la base je devais n’en mettre que dix mais je n’ai pas pu m’en tenir à ce chiffre. Surtout que j’ai dû faire l’impasse sur beaucoup de romans jeunesse que j’ai dévorés dans mon enfance ! J’ai donc bien réfléchi aux livres qui ont changé ma vie, ou au moins quelque chose en moi, ma vision de la littérature, mes envies d’écriture et de lectrices, etc. Evidemment, il y a surtout les livres de mon adolescence, et des débuts de ma vie d’adulte, je crois que c’est là que tout se joue !
Je dois aussi vous prévenir que vous allez me prendre pour une indécrottable nostalgique ou une vieille réac (au choix), car je ne lis que très très peu de littérature contemporaine… Mais voici, par ordre de lecture (si mes souvenirs sont bons), ma bibliothèque idéale :
- Le Petit Prince, Antoine de Saint-Exupery : Il est tout abîmé mais j’y tiens énormément ! C’est une édition originale qui a appartenu à mon père et que j’ai lu des centaines de fois. En devenant adulte, j’ai arrêté de dire que c’était mon livre préféré (comme quoi Saint-Exupéry avait raison) mais il a une place toute particulière dans mon Panthéon !
- La Case de l’Oncle Tom, Harriet Beecher Stowe : C’est véritablement un des premiers romans qui m’a marquée. Je ne l’avais jamais relu, et j’ai eu le malheur de le faire il y a un ou deux ans. C’est assez mal écrit, simpliste, évidemment plein de bons sentiments, paternaliste à mort… mais il faut le replacer dans son contexte (il a été publié en 1852 aux Etats-Unis) : c’est quand même le livre le plus vendu au XIXème siècle après la Bible et il est considéré comme le roman abolitionniste qui a déclenché la guerre de Sécession.
- Le Lion, Joseph Kessel : J’ai voulu être Patricia quand j’étais petite ! Je me souviens l’avoir commencé très jeune et avoir eu des difficultés à le lire, mais je me suis accrochée et j’ai été bouleversée par l’histoire – absolument dénuée de pathos – de cette petite fille et de son lion.
- La Mare au Diable, George Sand : Je fonctionne un peu par période en littérature… il m’arrive de lire tout un auteur d’un coup, ou plein de livres de la même époque, jusqu’à n’en plus pouvoir. Bon et bien La Mare au Diable marque le début de mon amour pour le Romantisme et ma passion pour les vies d’écrivains. Celle de George Sand – cette femme au nom d’homme – m’avait fascinée.
- Journal, Anne Frank : Autre grande période phare de mon adolescence, la littérature de la Shoah (qui, à 12-13 ans, m’a bien traumatisée pour plusieurs années). Au delà d’être un récit historique, le Journal d’Anne Frank est extrêmement bien écrit et m’a plongée dans la vie d’une adolescente de mon âge, en conflit avec sa mère et sa soeur, en adoration pour son père… Je l’ai relu plusieurs fois, avec un recul plus grand au fur et à mesure des années et je suis scotchée par la maturité et le talent d’écriture de cette jeune auteur.
- Les Hauts de Hurle-Vent, Emily Brontë : Bien, j’ai lu tous les livres des soeurs Brontë. Voilà. Je suis une fanatique. Et allez, je vais l’avouer ici (je vais m’attirer les foudres des adoratrices de Jane Austen), je préfère les soeurs Brontë à Austen ! Leur univers est beaucoup plus noir, plus romantique, plus fantastique aussi… Les Hauts de Hurle-Vent, c’est une vraie tragédie, cruelle, avec une réflexion sur la folie, le respect des conventions sociales…
- Au Bonheur des Ogres, Daniel Pennac : j’adorais la série des Kamo de Daniel Pennac, alors quand j’ai été suffisamment grande, mes parents m’ont permis de lire Au Bonheur des Ogres. Je dirai donc que c’est mon premier roman d’adulte, forcément, il m’a marquée. J’ai découvert l’univers totalement loufoque et comique des Malaussène, je les ai presque tous dévorés.
- La vie devant soi, Romain Gary : Au delà de l’histoire que j’ai beaucoup aimé, j’ai surtout adoré le style d’écriture. C’est un des livres qui – bizarrement parce que c’est quand même assez triste de voir cette Madame Rosa perdre la tête – me remonte le moral. Souvent, quand j’en ai fini un, que je ne sais pas trop dans quoi me replonger, hop, je me remets à lire La vie devant soi…
- 37,2° Le Matin, Philippe Djian : J’ai eu le droit de le lire à 14 ou 15 ans je crois (il y a une grande bibliothèque chez mes parents et ils gardaient un oeil sur ce que je leur piquais) et ça a été une claque ! Parce qu’il y a plein de scènes de sexe, et que je n’en avais jamais lu avant ! Et puis il y a l’histoire d’amour passionnée, déchirante de Betty et Zorg… Après j’ai lu plusieurs livres de Philippe Djian, certains m’ont énormément déçue, je n’ai jamais retrouvé l’exaltation de 37,2° Le Matin.
- Le Monde Selon Garp, John Irving : C’est bien simple, après l’avoir lu, j’ai voulu être John Irving. J’écrivais des histoires à ma petite soeur avec un mélange de tous ses bouquins, en essayant de copier son style. En fait, c’est un peu toujours pareil les livres de John Irving : des prostituées qui initient de jeunes hommes, des mères un peu bizarres, des accidents de voiture atroces, des ours… mais bon, je ne m’en lasse pas.
- L’écume des jours, Boris Vian : Lu au lycée et adoré, c’était le premier livre surréaliste que je lisais et je trouvais cette liberté absolument folle et ultra créative. Je l’ai relu l’année dernière et j’avoue avoir été très très déçue… je ne sais pas je crois que ça ne me touche plus comme avant. J’en ai tiré une leçon : ne plus re-lire de livres (à l’exception de La vie devant soi)!
- Flash ou Le Grand Voyage, Charles Duchaussois : LE livre français de la Beat Generation. J’ai lu bien plus tard Sur la Route de Kerouac donc c’est Flash que je retiens. C’est un vrai roman d’aventure, Charles parcourt tous les pays depuis la France jusqu’à Katmandou, c’est l’histoire d’une déchéance aussi, et un très bon livre pour dégoûter un ado de se droguer un jour !
- Marie-Antoinette, Stefan Zweig : J’arrive à l’âge adulte… J’ai lu La Pitié Dangereuse et j’ai commencé à adorer Zweig. Depuis, j’en lis au moins deux par an (pour ne pas trop vite terminer sa bibliographie). Avant Marie-Antoinette, je ne lisais pas de biographie (à part Les Mémoires d’Hadrien de Marguerite Yourcenar qui m’avait terriblement ennuyée) et Zweig m’a donné le goût de la discipline. Je vous conseille également Marie Stuart du coup, ultra intéressante également.
- Crime et Châtiment, Fedor Dostoïevski : Je ne vais pas mentir, Dostoïevski n’est pas un auteur facile. Surtout au début quand on ne connaît pas du tout le principe des prénoms et noms russes… On est assez vite perdu avec tous ces personnages (alors qu’en fait, Avdotia Romanovna, Raskolnikova, Dounia et Dounietchka ne sont qu’une seule et même personne !). Bref on met un ou deux chapitres à s’y habituer et après c’est parti. J’adore lire des romans d’époque, parce qu’ils nous plongent dans un vrai quotidien inconnu. Mais ce qui me fait aimer Dostoïevski plus que les autres, c’est toute les réflexions politique, idéologique, religieuse… qui entourent les intrigues de ses romans, n’en faisant que des prétextes. Je lis un des derniers livres de sa bibliographie (il faut dire qu’en 5 ans je n’ai lu presque que lui (salut je suis monomaniaque)) et mon préféré reste Crime et Châtiment qui pose des questions passionnantes…
- Belle du Seigneur, Albert Cohen : Mon dernier livre marquant en date, la découverte tardive d’Albert Cohen. Au début, je n’ai pas trop aimé, je n’arrivais pas à rentrer dedans, les personnages ne m’étaient pas spécialement sympathiques et puis surtout, il faut vraiment s’accrocher pour lire des paragraphes entier de dialogue intérieur sans ponctuation. Mais finalement, je me suis laissée emportée. J’ai notamment adoré les passages avec les cousins d’Odessa de Solal (d’ailleurs je veux absolument lire Mangeclous). Et puis bien sûr, il y a l’atroce histoire d’amour de Solal et de la ridicule Ariane et je n’avais jamais rien lu de tel auparavant… Autant pour le style que pour la forme, la lecture de Belle du Seigneur a été un vrai choc.
Voilà où j’en suis… je me rends compte que je n’ai pas mis un seul Maupassant alors que c’est un de mes écrivains préférés ni aucun romans d’anticipation alors qu’ils m’ont occupée pendant plusieurs années… En tout cas j’espère vous avoir donné envie d’en découvrir quelques uns si ce n’est pas déjà fait ! Quant à moi, je crois que je devrais essayer d’être un peu plus curieuse !
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