Ce n’est pas le premier article consacré à l’escalade sur Trendy Mood mais je me suis rendue compte que si je vous en parlais souvent, vous me posiez quand même beaucoup de questions sur ma pratique « parisienne ». Où grimper en intérieur ? Où acheter son matériel ? Comment débuter ? Prendre des cours ou non… Je vais m’efforcer de répondre à toutes ces questions sur la varappe !
1. SALLE VS EXTÉRIEUR / BLOC OU VOIE
Il existe deux types d’escalade : la voie et le bloc. La voie c’est quand on est « assuré » avec un dispositif de sécurité sur de grandes parois équipées. C’est à dire qu’on a un baudrier, une corde rattachée à des points d’accroche qu’on appelle des « dégaines ». On a besoin d’être en duo pour pratiquer l’escalade en voie : le grimpeur et celui qui l’assure avec l’aide d’un descendeur. Le bloc au contraire se pratique sur de toutes petites paroies (de 3 à 4 mètres max) et on n’est pas assuré. Si on tombe, ce n’est pas de très haut et c’est sur des tapis. On peut donc pratiquer le bloc en solo.
Salle d’escalade MurMur à Pantin
Grimpeurs sur une grande voie dans le Verdon
Les deux disciplines sont très complémentaires. Le bloc est technique et physique car on enchaîne les mouvements sur peu de distance. Il prépare à la voie en faisant travailler des mouvements difficiles. En revanche, on ne bosse pas l’endurance. C’est le cas de la voie puisque certaines parois (dans le Verdon par exemple) font plus de 300 mètres ! Personnellement, après avoir pratiqué les deux, je préfère la voie. Ce n’est pas le même esprit : les grimpeurs en voie sont plus cool alors qu’en bloc, on sent un peu plus l’esprit virilité-muscu-performance… Le bloc et la voie, ce sont également deux abonnements différents, du coup un budget important. J’ai dû trancher et je ne fais plus que de la voie désormais.
Si je préfère bien sûr grimper en extérieur, ça n’est possible que lorsqu’il fait beau et à Paris, à part le Viaduc des Fauvettes (relire mon article ici), il n’y a pas de spots d’escalade en voie en région parisienne. Il y a des blocs à Fontainebleau mais il faut emmener son matelas et en plus d’être encombrant, je trouve ça assez dangereux. Du coup, il faut trouver un endroit pour grimper toute l’année, et il y en a plusieurs en Île de France ! Il existe des murs d’escalade publics accessibles à certaines heures si on est inscrit en club (liste ici avec le Club Alpin d’IDF). Mais, si vous avez envie de grimper à n’importe quelle heure et n’importe quel jour, il y a MurMur, à Pantin et Issy Les Moulineaux.
Je grimpe chez MurMur Pantin depuis deux ans. C’est assez cher mais la salle est grande et même quand il y a beaucoup de monde, on trouve toujours des voies. Ces dernières sont assez variées, petites, moyennes ou grandes (à Issy, il n’y a pas de grandes voies). Il y a des dalles et des dévers (= des inclinaisons différentes) et bien sûr, les cotations vont du 4 au 8, pour tous les niveaux donc. Il y a également quelques systèmes d’assurage en solo, pratique si vous êtes seul pour un soir. Enfin, c’est ouvert toute l’année et jusqu’à 23h30 en semaine. On paye l’entrée mais on peut y rester autant de temps que l’on veut.
Pour grimper chez MurMur si vous êtes totalement débutant, il faut venir accompagné d’une personne qui connaît les règles de sécurité. Si vous ne connaissez personne, vous aurez la possibilité de prendre un cours particulier ou collectif. Toutes les infos sont disponibles sur le site.
2. DÉBUTER EN ESCALADE
En parlant de sécurité, c’est un point hyper, HYPER, important ! À chaque session, je vois des gens avec des baudriers à l’envers, ou assurer de manière complètement flippante ! Il ne faut pas oublier qu’on tient la vie du grimpeur entre nos mains quand on est assureur. Soyez donc vraiment vigilant de ce côté… Je ne vais pas vous faire un grand laïus sur l’assurage mais si vous avez des doutes, prenez des cours.
Chez MurMur, la première entrée est à 15€ + 5€ de location du matériel (baudrier, chaussons, assurage). Ensuite, la location est à 10€. Ça chiffre vite et surtout, c’est mieux d’avoir ses propres chaussons. Personnellement, j’ai acheté mon matériel tout de suite mais j’y reviendrai par la suite. Pour grimper, vous avez donc besoin de chaussons d’escalade : la semelle est recouverte de gomme, ils épousent complètement les pieds – de manière pas forcément très confortable – pour être le plus précis possible sur les prises. On met aussi un baudrier qui est attaché par un noeud de 8 à la corde, ou via un système de descendeur si on est assureur et non grimpeur.
Il y a deux manières de grimper : en moulinette ou en tête (et aussi en solo intégral mais ça c’est interdit en salle !). La moulinette correspond à l’assurage le plus rassurant, on est accroché à la corde par le haut, on est donc soutenu et si on tombe, on ne s’en rend quasiment pas compte. En revanche en tête, c’est plus « engageant » mentalement. On doit passer la corde dans des dégaines quand on en croise. On est donc assuré – en toute sécurité je vous rassure – par le bas. Si on tombe, on tombe d’une plus grande hauteur. Pour certains, c’est assez flippant.
À gauche : assurage en moulinette au Viaduc des Fauvettes – À droite : assurage en tête à Pantin.
J’ai beaucoup le vertige dans la vie, et l’escalade m’a vraiment aidée à le combattre. Désormais, je fais des grandes voies sans me soucier du vide, j’arrive à en faire complètement abstraction grâce à la concentration. J’essaie de me souvenir de ça quand je suis dans une situation de vertige au quotidien et ça fonctionne plutôt bien. Tout ça pour dire que pendant longtemps, j’étais bien incapable de grimper en tête. Comme je suis en forme physiquement ces derniers temps, je m’entraîne désormais à faire de l’escalade en tête. J’ai retrouvé mon niveau en tête et je dois désormais travailler les voies plus difficiles. Si vous n’avez pas le vertige, je vous encourage vivement à faire de la tête dès le début.
Après avoir vérifié une dernière fois notre système d’assurage, on se lance ! En rentrant dans une salle d’escalade, vous remarquerez qu’il y a des prises de toutes les couleurs. En s’approchant bien, on remarque des petites étiquettes avec des chiffres dessus et des petits commentaires :
Ce sont les indications de cotations de la voie, les niveaux de difficulté. Par exemple, une cotation de 3+, 4, indique une difficulté très faible, ce sont les voies parfaites pour débuter. Ensuite cela va – pour le moment – jusqu’à 9b. À chaque chiffre, on associe une lettre, parfois un « + ». 5a = facile, 5b = moyen, 5b+ = entre 5b et 5c, 5c = plus difficile, etc. Les cotations sont définies par les ouvreurs et forcément la manière de grimper diffère.
Si une voie vous semble vraiment très facile, montez en cotation jusqu’à rencontrer un échec. C’est maintenant qu’il va falloir travailler ! Par exemple, je réussis quasiment toutes mes voies en 6a, c’est mon niveau. Je m’échauffe donc sur des voies en 5b, 5c. Ensuite je fais une ou deux 6a et je travaille ensuite des voies en 6b, 6c. Je fais de l’escalade avec de meilleurs grimpeurs que moi, qui m’encouragent beaucoup. J’avoue que c’est assez important car sans eux, je resterai sûrement dans ma zone de confort… Je me rends compte que je me fais désormais plaisir aussi en dépassant mes limites, et ça rend super fière.
3. LE MATÉRIEL
Vous avez adoré votre première session d’escalade et vous avez envie d’aller grimper régulièrement ? C’est donc le moment d’investir dans du matériel. Pour les parisiens, je recommande vivement Le Vieux Campeur pour le choix des chaussons et du baudrier. Les vendeurs sont très à l’écoute et de bon conseil. Les chaussons s’usent assez vite ; pour débuter c’est bien d’être assez à l’aise dedans tout en étant maintenu. Personnellement, ma première paire était vraiment trop petite donc je n’ai pas réussi à m’y faire. Ma seconde paire de chaussons était très bien mais pour progresser j’ai eu envie de passer à un modèle plus « agressif », des « Spider » de Boldrini qui sont vraiment top.
Pour le baudrier, il faut en essayer plusieurs et voir lequel est le plus confortable. Enfin, achetez un système de descendeur pour deux et un mousqueton. Vous pouvez ajouter de la magnésie avec son sac et vous êtes bon ! Il faut compter pour tout ça un peu plus de 100€. Dans quelques mois, vous pourrez tenter votre première sortie en extérieur, et acheter vos cordes et dégaines si vous le sentez.
4. LA CONDITION PHYSIQUE
On me dit souvent « je n’ai pas de force dans les bras », « j’ai le vertige », « je ne suis pas souple »… J’étais pareille au début mais tout ça se travaille si on en a envie. Pour l’escalade, on n’a pas forcément besoin d’avoir les bras musclés puisqu’il faut grimper avec les jambes. Il faut de la force dans les doigts, ça s’acquiert petit à petit car il n’y a pas de muscles dans cette partie du corps. Je travaille quand même la musculation des avants-bras grâce à une balle gyroscopique achetée chez Nature et Découvertes. Côté souplesse, je fais du yoga en parallèle et ça m’aide beaucoup. Enfin, pour le vertige, la concentration permet d’en faire abstraction. Cela dit, il faut que l’escalade reste un plaisir donc ne vous forcez pas si vous n’en avez pas envie !
Les gabarits légers et grands ont un avantage pour l’escalade mais les petits développent une autre manière de grimper et on y arrive très bien. Côté poids, je vois des costauds grimper mais disons que c’est plus facile si on n’est pas en surpoids. J’ai perdu quelques kilos ces trois derniers mois et je sens franchement la différence : plus on est léger avec une grande force musculaire, plus on soulève son corps facilement.
Enfin, la fréquence d’entraînement compte. Plus vous grimpez, plus vous progressez. Une fois par semaine c’est bien, deux fois c’est encore mieux. Vous pouvez aussi faire de l’escalade en dilettante, il faut juste savoir que le rapport au vide se dompte petit à petit, et cela se perd malheureusement très vite. Encore une fois, l’important, c’est de se faire plaisir !
[white_box] Un grand merci à P. et A., mes deux partenaires de grimpe, qui ont accepté d’être sur les photos avec moi et de les prendre. Et surtout, merci à vous de me faire autant progresser et de m’encourager ! [/white_box]
J’attendais cet article avec impatience! Ce week-end j’ai eu l’occasion d’aller à la salle de Pantin avec des amis; c’était la 1ère fois que je grimpais et j’ai vraiment adoré!! Bon par contre aujourd’hui j’ai les bras en coton à cause des courbatures, mais j’ai l’intention de ressayer à Lyon cette fois (où j’habite)!
Je n’ai testé l’escalade qu’au lycée, il y a plus de 10 ans donc, et j’avais beaucoup aimé. Je ne sais pas si je vais me lancer mais en tout cas ton article donne super envie d’essayer :)
Je crois que je vais au moins jeter un coup d’oeil sur les salles au sud de Paris pour voir les prix :)
Merci !
Super article très complet et j’aime bien les photos (très graphique ce mur). J’avais hésité ) m’y remettre à Pantin avant de quitter Paris, mais avec le déménagement, les préparatifs du voyage, le boulot, le cheval dont je m’occupais ce n’étais tout bonnement pas possible ! J’en ai pas mal fait au lycée et en colo de vacances en extérieur, les sensations me manquent ! J’adorais vraiment grimper (et il m’arrive encore parfois de grimper aux murs, j’escaladais les balcons de ma maison étant ado, ou encore les échafaudages d’une église en rénovation à l’aurore). Donc je verrais bien au fil de mon voyage si j’en ai l’opportunité. Au Laos c’était possible vers Vang Vieng apparemment mais extrêmement onéreux !
En tous cas des articles comme ça ça me reboost et vivement les prochains, sur des sorties en extérieur ;)
Si tu ne peux pas grimper en voyage, ça te fait au moins une chose agréable qui t’attend au retour ! ;-)
Super article ! J’ai commencé l’escalade cette année avec le CAF (club alpin français) c’est super convivial, il y a plein de créneaux en cours ou en autonomie, et comparé aux salles privées ce n’est pas cher du tout ! Bref je recommande le CAF pour grimper et pour toutes les autres activités outdoor qu’il propose… Bonne grimpette les filles !
J’attendais cet article avec impatience parce que j’ai vraiment envie de me mettre à l’escalade après en avoir fait par ci par là pour m’amuser et avoir découvert qu’en fait, j’etais pas si mauvaise et que j’aimais bien ça. J’en ai fais au college, je crois ou alors en primaire, donc les bases sont assez lointaines. Ton article est super complet, et technique. Cependant, je suis un peu déçue car je pensais que tu donnerais un peu plus de conseils pour débuter, tu appuies bien sur la sécurité ce qui est mega important mais par exemple, faut-il prendre des cours en premier, est ce que des cours existent comme on prendrait des cours de piano, etc. Personnellement, je n’ai personne, je crois, pour venir en faire avec moi, et j’ai donc forcement un peu peur de me lancer sans bons conseils, etc.
Comme je le dis dans l’article, on peut s’inscrire en club. L’escalade n’est pas comme la musique, on ne prend pas des cours de hand ou de basket ! Si tu fais partie d’un club, tu t’entraînes avec et tu progresses. En plus si tu es seule, tu ne pourras pas grimper dans une salle privée puisqu’il faut être deux.
Je me permets juste un petit mot sur le « déçue » que tu as employé. Ça me semble assez important de peser le poids des mots car tu es ici sur un blog, et tu le lis gratuitement. Or j’ai passé plusieurs jours sur cet article pour la rédaction et les photos. S’il n’est pas assez complet à ton goût tu peux tout à fait me poser des questions mais c’est un peu malvenu de préciser qu’il t’a déçu.
Bonjour Noémi,
Je suis pourtant une des premières à dire qu’il faut faire attention aux mots qu’on emploie car ils peuvent être blessants, notamment derrière un ordinateur où on peut vite oublier que les personnes auxquelles à qui on écrit sont des humains, avec des sentiments, des sensibilités. Je m’excuse si ma formulation de phrase et le choix de mot était malvenue. Loin de moi de dénigrer et discréditer tout le travail mis en place pour cet article. Peut-etre déçue est-ce trop fort et j’aurais du y penser avant, ou peut-être déçue fait reference à MES attentes concernant cet article (où je devais avoir en tete que tu donnerais tout clé en main, alors que je suis « grande », que je peux aussi plus creuser – et poser des questions si je souhaite plus de details), que JE me suis fixée seule et que c’est en rien en reference à TON travail fourni, et à l’article et les photos produits. Je voulais justement en plus reprendre mon commentaire en le complétant après avoir lu le commentaire au dessus du mien qui peut répondre à ma question de débuter.
Super article mais petite critique: le laïus sur la sécu avec une photo de nœud de huit qui semble peu serré mais surtout sans nœud d’arrêt! saymal! En tout cas merci de partager t’escalade sur ton blog, le milieu de la grimpe est de plus en plus hétéroclite et c’est surement grâce à des initiatives comme ça!
Personnellement je ne fais pas de noeud d’arrêt à part si mon brin est trop long. On m’a toujours dit que le noeud de huit ne nécessitait pas de noeud d’arrêt… Il semble que le noeud d’arrêt soit en revanche obligatoire pour la compétition.
Le nœud d’arrêt est effectivement « obligatoire » dans les normes FFME, et donc en compétition. Le nœud de huit, comme tout les nœud peut glisser. C’est particulièrement vrai en grande voie ou en alpi’, où le huit peut se faire oublier très longtemps au baudard et où j’ai été personnellement témoin d’un tel cas.
C’est pour anticiper ça qu’il faut toujours garder une bonne marge de corde en rab à l’extrémité du nœud. Le nœud d’arrêt permet d’automatiser cette démarche: si on a assez de corde pour faire un nœud d’arrêt (pêcheur), alors c’est que ce rab est suffisant. ça simplifie également le double contrôle mutuel, et pour finir le nœud d’arrêt glissera avant le huit.
Après, on est bien d’accord, on titille. L’important est d’avoir un rab de corde, le reste c’est du plus, surtout en SAE. Cependant, il vaut mieux automatiser ce genre de manip de sécu’ qui ne coûtent rien, plutôt que de l’oublier une fois de trop. D’où ma remarque ;)
Et bien merci pour toutes ces précisions ! ;-)
Excellent article, merci bien !
Pour ceux que ça intéresse, je recommande en complément un bon article qui vient de sortir sur le site topodescimes.com, qui donne de bon conseils techniques pour débuter en grande voie :
http://www.topodescimes.com/#!Préparer-sa-première-sortie-en-grande-voie/cmbz/57962dd40cf2879d00ba7dd0
Bonne grimpe à tous !
Merci beaucoup pour ton partage, j’ai lu l’article avec attention, il est top ! Personnellement, je recommanderai quand même quelques sorties en extérieur sur des voies de 30 mètres avant de se lancer directement sur de très grandes voies en extérieur.
Excellent article, très bien écrit et balayant un large éventail de points, en insistant fort justement sur la sécurité.
Mais fait avant tout partager ta passion pour cette activité.
Merci à toi.
Et bonne grimpe :-)
Merci beaucoup Stéphane pour ton commentaire, c’est très gentil.
Très complet ton article! Merci!