« Mais on voit vraiment la différence entre de l’argentique et le numérique ? » C’est une question qui revient souvent quand on discute avec des néophytes. Et vu la hausse de prix des pellicules qui arrive, c’est aussi une question légitime pour les photographes.
Très honnêtement, je pense que les « spectateurs » de nos photos, ne voient absolument pas la différence entre argentique et numérique s’ils ne sont pas avertis. On peut tout à fait rajouter du grain très réaliste en post-prod sur des photos, retrouver des colorimétries qui se rapprochent du rendu de la pellicule. Et quand bien même on se fatigue à imiter la pellicule, il faut que le public ait en mémoire justement ses effets. Et il existe désormais une bonne tranche de population adulte qui n’a jamais connu que le numérique !
Alors pourquoi shooter encore en argentique ?
Personnellement, je suis très attachée à l’argentique. J’aime les rituels qui y sont associés : installer la pellicule, le dos sur mon boîtier, rembobiner, apporter les films au labo, recevoir les scans plusieurs jours après*… Il y a de l’excitation et de la surprise lorsque je reçois le lien de téléchargement ! La photographie devrait aussi être ça : de l’amusement, de la joie.
J’en parlais dans une précédente newsletter, avoir seulement 12 poses avec mon dos argentique m’oblige à sacrément réfléchir à ce que je veux. J’ai l’impression de mieux photographier et de progresser. Il y a en revanche un revers à ça, c’est que je sombre dans un genre de facilité. L’argentique m’apporte un supplément d’âme. J’adore la chromie des pellicules Kodak Portra, et je ne parviens absolument pas à la retrouver réellement lorsque je développe sur Lightroom du numérique. Donc ce rendu Portra, je l’aime tel quel, et si je soigne mes compositions, je me contente de ce qui sort « brut » du scanner.
En ce moment, je délaisse mon boîtier numérique Sony quand il s’agit de mes projets personnels. En revanche, je découvre encore mon dos numérique, le vieux P45 Phase One qui s’adapte sur les Hasselblad 500. Et il me plaît bien ! Les photos brutes sont très douces et j’ai très peu édité cette série.
Et ici quelques photos avec le dos argentique :
Les réglages ne sont pas forcément les mêmes mais je serais curieuse d’avoir votre avis sur vos préférences et sur ces réflexions ! En tout cas, ce qui est vraiment génial avec le Blad, c’est que j’ai le choix. Avec un même boîtier, je peux changer pendant la session. Pour cette séance avec la comédienne Esther Braun, j’ai fait ma pellicule avant de passer au numérique, et cela nous a permis d’être plus mobiles toutes les deux, d’essayer plus de choses…
* Je fais faire mes développements et scans chez Négatif+. Ils sont désormais très réactifs (2 jours max pour du 120mm couleurs), pour un prix très correct (12€ / la pellicule). Et en plus, ils sont très gentils et ça compte beaucoup pour moi car j’avoue que j’en ai plus que marre de me faire prendre de haut par les mâles alpha de la communauté photo ! Je pourrais également scanner moi-même mes développements mais j’avoue que je le fais rarement faute de temps.