© Aline Escalon signe toutes les photos de cet article.
Je pratique l’apnée depuis peu (décembre 2016) et me considère encore comme une débutante. J’habite à La Réunion dont je suis originaire, malgré un détour de onze ans à Lyon et Paris. L’apnée est devenue une véritable passion !
Avant l’apnée…
Je considère la mer comme mon élément… Je pratique la plongée en bouteille depuis 7 ans, je suis niveau 3 c’est-à-dire plongeuse autonome jusqu’à 60m. J’ai surtout plongé à La Réunion qui possède de beaux fonds marins, même si cela n’égale pas, d’après ce j’ai entendu, l’Indonésie ou la Polynésie… J’ai également plongé à Mayotte, qui est entourée d’un magnifique lagon. Je considère la plongée bouteille comme une balade sous-marine, mais l’aspect très technique, l’encombrement du matériel, le poids de la bouteille hors de l’eau et le temps limité passé dans les profondeurs m’ont un peu frustrée à la longue.
L’initiation à l’apnée…
Lorsque j’ai eu l’occasion de suivre une initiation à l’apnée de deux jours avec Vincent Mathieu, champion du monde français d’apnée statique, je n’ai pas hésité. Ce fut un weekend très intense, avec en moyenne 6h dans l’eau par jour (moi qui voulait y passer plus de temps, j’ai été servie !), ainsi que des séances de relaxation, d’étirements et des cours théoriques.
Avant la sortie en mer, travail sur le relâchement et la ventilation. On étire également tout le corps afin d’être le plus détendu possible dans l’eau.
Nous avons eu la chance d’être photographiée par Aline Escalon, apnéiste, photographe et réalisatrice. Elle est l’auteur des clichés qui illustrent cet article. À la suite de ces deux jours, nous avons eu droit à une séance en piscine afin de valider le deuxième niveau d’AIDA (Association Internationale pour le Développement de l’Apnée). Nous étions évalués sur notre capacité à retenir notre respiration sous l’eau sans bouger, ce qu’on appelle l’apnée statique (2 min), ainsi que sur une distance en piscine à parcourir en apnée dynamique (40m) et une profondeur à atteindre en mer (16m), tout cela accompagné d’un examen théorique !
Une de mes premières remontées en immersion libre
Mordre à l’hameçon…
Qu’ai-je découvert dans l’apnée qui m’a immédiatement happée ? L’incroyable sensation de liberté que l’on ressent : on n’a besoin que d’une combinaison, une ceinture de plombs, un masque, un tuba et des palmes. On peut se faufiler partout sous l’eau, dans des grottes et des anfractuosités ; les poissons ne sont pas effarouchés comme ils peuvent l’être par les bulles que l’on souffle en plongée bouteille. J’ai ainsi eu la chance d’apercevoir un marlin, d’assister au ballet d’une raie manta curieuse venue nous visiter lors d’un entraînement, de nager avec des tortues marines. Lorsqu’on fait des sorties dans le bleu, c’est-à-dire au large, on est entièrement porté et enveloppé par ce bleu intense qui est notre seul horizon, et dans lequel on a l’impression de se mouvoir comme dans l’espace ; c’est une sensation unique. L’apnée m’a (ré)appris à respirer, c’est-à-dire à rendre cet acte, pourtant réflexe et anodin, conscient et bienfaisant : je me suis rendue compte à quel point dans ma vie quotidienne j’avais tendance à me crisper et mal respirer, en oubliant à quel point cela est important. Beaucoup d’apnéistes font également du yoga, une discipline qui aide grandement à assouplir les muscles et à atteindre un relâchement et une sérénité absolument nécessaire à ce sport.
Enfin, j’ai beaucoup aimé pratiquer l’apnée avec des personnes de tous horizons, des débutants comme moi mais aussi des pratiquants de longue date, toujours prodigues de bons conseils et dont la présence rassurante et bienveillante me permet de vaincre toute appréhension dès qu’elle apparaît. J’ai ainsi eu la chance de suivre deux jours de stage où j’ai beaucoup appris avec Guillaume Néry et Julie Gautier, dont les films (Free Fall, le clip Runnin’ de Beyonce) font rêver !
Papotages d’apnéistes en surface !
Ma pratique de l’apnée aujourd’hui…
Après cette première initiation j’ai vite adhéré à des associations. L’avantage à La Réunion est que l’on peut pratiquer l’apnée toute l’année, l’océan oscillant entre 28 et 23° (ce que je trouve personnellement très froid !). Chaque semaine, quasiment, et même plusieurs fois par semaine lorsque les conditions et mon emploi du temps le permettaient, j’ai pu me mettre à l’eau, soit en partant en bateau pour se rendre au large, soit du bord pour des explorations.
En effet, j’aime partir en apnée « dans le bleu », quand on effectue des descentes le long d’un cordage lesté. On cherche là la profondeur : soit en se tractant, sans palmes, à la corde (ce qu’on appelle l’immersion libre), ou en palmant (discipline du poids constant), ou à la brasse (poids constant sans palmes). On travaille la compensation (c’est-à-dire l’équilibrage des oreilles et du masque), l’accoutumance à la pression qui est bien plus forte qu’à l’air libre et comprime nos organes, la technique de palmage, et bien évidemment la relaxation et la ventilation avant et après chaque apnée.
Personnellement je vais sur des profondeurs d’une vingtaine de mètres, trente mètres étant mon maximum, et dix mètres étant facilement accessibles, même pour un débutant. Je ne cherche pas la performance pour elle-même, chaque mètre gagné est pour moi plutôt le signe que je me sens de mieux en mieux dans l’océan, et il n’est jamais question d’aller au-delà de mes capacités et de prendre des risques, l’apnée reste pour moi un loisir, non une compétition !
D’autres fois, nous allons sur des sites dont le fond est proche : il s’agit alors d’évoluer au milieu des coraux et des animaux marins, entre deux et vingt mètres, voire plus pour les habitués ! Nous entrons dans la saison des baleines et j’ai le rêve un peu fou de pouvoir nager avec elles…
Se faufiler partout…
Quelques conseils pour celles et ceux qui souhaiteraient se mettre à l’apnée…
∼ ne jamais pratiquer l’apnée seul, et encore plus si l’on ne connaît pas bien ses sensations : on risque la syncope, voire la noyade ! Il faut toujours être avec un binôme de même niveau, qui veillera sur vous lors de votre apnée et lorsque vous refaites surface ; bien connaître son binôme parce que l’on pratique souvent avec lui est un plus ! Le mieux est de pratiquer dans le cadre d’un club où des moniteurs vous suivront et vous feront très vite progresser, notamment en vous apprenant des techniques de sauvetage. Je conseille vraiment de les apprendre dès le début, comme je l’ai fait, et de se perfectionner sans cesse.
∼ un minimum de matériel est requis : l’idéal serait évidemment de plonger en maillot de bain, mais même ici avec une eau à 28° je porte une combinaison qui me permet de ne pas me refroidir et de protéger ma peau du soleil, des piqûres du plancton ou méduses et des frottements contre les coraux (même si on est d’accord : on ne touche pas le corail ! Mais cela peut arriver !). Le port d’une combinaison rend obligatoire celui d’une ceinture de plombs qui permettra de couler et d’annuler la flottabilité de la combi. Un bon masque, si possible à petit volume afin de rendre la compensation plus facile, un tuba très simple et de bonnes palmes, surtout si l’on fait des explorations. Enfin toujours partir, surtout si l’on est deux et hors club, avec une bouée qui permettra d’être facilement repérable et sur laquelle on peut se reposer entre deux apnées.
∼ être à l’aise dans l’eau. Avoir déjà navigué un peu est un plus, afin de ne pas avoir trop d’appréhension qui empêcherait d’y trouver du plaisir, et de ne pas être malade en mer (même si on peut prendre des médocs pour limiter cet inconvénient !).
∼ et enfin bien sûr se montrer respectueux de l’océan et de ses habitants : c’est un milieu très fragile, de plus en plus menacé, et dont on doit prendre soin…
J’espère que cela suscitera en vous envie et curiosité, et je vous souhaite d’y trouver autant de plaisir que moi !
Entraînement à l’intervention sur une apnéiste en syncope
[blue_box] Merci beaucoup à Emilie pour son article, qui donne envie de plonger avec elle. Merci également à Aline Escalon pour ses belles photos. Si vous aussi vous avez une passion à partager avec les lecteurs de Trendy Mood, écrivez-moi à noemi[@]trendymood.com ! Et inscrivez-vous à la newsletter du blog pour recevoir chaque dimanche des petits bonus. [/blue_box]
Ca tombe super cet article j’ai vraiment envie de progresser en apnée, je vais me renseigner voir s’il y a des assos en Nouvelle Calédonie.
Les photos et explications sont top !
Bonjour, sias tu ou et comment savoir s’il y a des stages d’apnee qui s’organise à la réunion ?
Merci