En préambule, je vous raconte une petite anecdote. Un jour, j’ai posé pour une grande marque de luxe, en tant que non-professionnelle. Ceux qui m’avaient choisi pour ce shooting le savaient, ils me voulaient moi, pour mon blog. Le problème, c’est qu’ils avaient aussi choisi une photographe de mode, habituée à ne travailler qu’avec des mannequins professionnels (et je n’aimerais pas être à leur place).
La séance photo s’est mal passée. J’avais le soleil dans les yeux, des réflecteurs qui m’éblouissaient encore plus… J’avais donc du mal à avoir les yeux ouverts sur les photos et à être décontractée. L’équipe était nombreuse et je n’avais pas beaucoup d’expérience. J’étais donc intimidée en plus des conditions inconfortables. À cela, s’est rajouté le fait qu’on a complètement oublié mon prénom pendant le shooting au détriment de « La Fille » et que la photographe n’a pas arrêté de m’ordonner de lui « proposer des choses ». Ambiance…
À mon sens, ce jour là, j’ai assisté à tout ce qu’il ne faut pas faire pour photographier un portrait ou même de la mode, avec des « anonymes ». Quand on est face à quelqu’un qui n’a jamais posé de sa vie, ou de timide, ou mal à l’aise, ce qu’il faut avant tout – avant même d’être un bon photographe – c’est de la bienveillance. Personnellement, je suis mal à l’aise quand on me prend en photo. Je ne sais pas quoi faire de mes mains, où placer mon regard. Je ne suis pas la seule. Il faut donc diriger son modèle, d’autant plus s’il est non-professionnel.
Audrey, une des lectrices de Trendy Mood qui a posé pour moi. Sur cette photo, je lui ai indiqué comment placer ses mains ainsi que l’inclinaison de son visage.
Savoir diriger son modèle
On se rend vite compte qu’en dirigeant, la personne se concentre sur ce qu’on lui dit, et oublie presque qu’on la prend en photo. Ça devient un jeu, elle s’amuse. Pour moi, c’est important, afin que tout se passe bien. Il faut de la bonne humeur, surtout si on veut des photos où le modèle sourit. Et puis, il ne faut pas oublier que ce dernier a mis son image entre nos mains, ça demande d’avoir une sacrée dose de confiance. Or la confiance, ça se gagne.
Par exemple, il m’arrive parfois de vouloir remettre en place un col ou une mèche de cheveux. Ça paraît normal mais je demande toujours l’autorisation à mon modèle de la toucher. Je n’ai pas un pantin face à moi, mais une vraie personne, que je dois respecter.
De toute façon, si vous avez aussi quelque chose en tête, il faudra communiquer avec votre modèle pour obtenir LA photographie.
Margot, Violaine et Ana Maria étaient les mannequins d’un jour pour la marque Camaïeu.
Rassurer le modèle et l’encourager
En fin d’année dernière, j’ai été prise comme photographe pour une campagne de publicité Camaïeu. La marque a choisi une dizaine de clientes via un jeu concours, je les ai donc photographiées et les photos ont été affichées en boutique (fierté !).
Je devais faire de la photographie de type « street style », très naturelle, avec des filles souriantes. Si Margot, Violaine et Anne sont habituées à être photographiées (elles sont blogueuses mode), ce n’était pas le cas des autres modèles, plus ou moins timides. Il a donc fallu faire preuve de patience, les rassurer, les encourager.
En général, on ne s’aime pas en photo. Je n’hésite pas à dire à mes modèles que je les trouve très jolies dans telle ou telle pose, ou qu’elles sont photogéniques. Souvent, ça leur fait plaisir et elles rient. Vous avez intérêt à déclencher dans ces moments là car c’est au moment où on baisse sa garde qu’on est le plus naturel.
Je m’empresse également de faire comprendre à mon sujet que mon but est de le montrer à son avantage donc si je lui demande de tourner la tête dans une pose qu’il ne considère pas comme naturelle, c’est qu’en fait ça rend mieux en photo. Il m’arrive aussi de montrer une des photos que je trouve réussie sur mon écran. Souvent, les personnes sont agréablement surprises et ça leur donne confiance pour la suite.
Elena, une autre de mes lectrices, ultra photogénique.
Et puis parfois, rien n’y fait, la personne à photographier est vraiment trop mal à l’aise et la magie n’opère pas. Dans ces cas là, il ne faut surtout pas montrer sa déception. J’essaye d’avoir la meilleure photographie possible dans ces conditions et d’abréger les souffrances de mon modèle, tout en restant positive !
Quel objectif et quels réglages pour la photographie de portrait ?
On a l’habitude de dire que le 50mm est l’objectif parfait pour le portrait. J’ai longtemps utilisé un faux 50mm puisque je n’avais pas de boîtier plein format. C’était donc un équivalent 70mm (à peu près). Pour les vrais portraits, je l’ai toujours trouvé très satisfaisant. Pour des photos en pied, j’étais quand même obligée de beaucoup reculer.
Maintenant que j’ai un appareil photo plein format, j’ai un 55mm qui me ravie. Je l’adore !
Mon tshirt fétiche, signé Chipiron !
Concernant les réglages pour la photographie de portrait, mieux vaut ouvrir dans les F4 – F5,6 si vous le pouvez, pour que toutes les parties du visage de votre modèle soient nettes. Si vous vous éloignez de lui, vous pourrez fermer un peu.
J’ai la fâcheuse tendance à mettre une vitesse extrêmement rapide alors que pour certaines poses ça peut être joli d’avoir une vitesse plus lente et de suivre son modèle. Cela permet d’obtenir des effets de mouvement. Il faut que je travaille là-dessus…
Évitez d’exposer votre modèle face au soleil, mieux vaut un contre-jour. Utilisez un réflecteur de lumière pour éclairer son visage, sans l’éblouir, sinon il risque d’être crispé. Un mur blanc, de l’eau ou une surface claire peut d’ailleurs faire office de réflecteur naturel. Personnellement, je n’aime pas les lumières trop fortes, elles écrasent les ombres du visage. Je place souvent mes modèles à l’ombre, en jouant avec des feuillages par exemple.
Qui prendre en photo pour débuter ?
Si vous êtes mal à l’aise pour photographier des inconnus, commencez avec vos proches. Attention tout de même, il faut qu’ils soient de bonne volonté ! Quand j’ai commencé la photographie de portrait, j’étais dans un club photo au lycée. Je m’exerçais donc sur mes amies, et sur ma petite soeur. Je continue de bombarder tout le monde, ma famille, mes amis, mon mec… Parce que j’adore garder des traces des moments qu’on vit ensemble.
Mon amie Marie-Camille, un modèle rêvé qui se prête très facilement au jeu !
En voyage, j’aime beaucoup prendre les gens en photo. D’une part parce que ça crée un lien, même bref, avec les habitants du pays ; mais aussi parce que ça rend la photographie plus vivante. Il faut juste oser demander, parfois juste en montrant l’appareil photo et un sourire. C’est un bon exercice ! Je n’ai jamais réussi à faire ça en France bizarrement…
Quand vous vous sentirez à l’aise, si vous avez un projet photo en tête, n’hésitez pas à démarcher des mannequins qui souhaitent compléter leur book, ou des jeunes comédiens. Vous pouvez aussi vous servir d’Instagram pour rechercher des gens qui vous plaisent.
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Pour résumer ce très long article et s’il y a bien une chose à retenir, c’est qu’il faut aimer les gens pour pouvoir les prendre en photo ! Ça me semble vraiment évident. Essayez un peu de passer devant l’objectif pour vous rendre compte de ce que c’est…
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